Screentest




     


     Notre expérience quotidienne fait de chacun d’entre nous des spectateurs en puissance. Le paysage est constellé d’objets audiovisuels. Qu’il s’agisse de l’espace public ou privé nous n’échappons pas à cette immersion, et aux mises en scènes qui façonnent ces objets. De façon quasi imperceptible un panel de genre s’est progressivement immiscé dans notre regard. A ces genres correspondent des modalités cinématographiques bien spécifiques, qu’il s’agisse de mise en scène, de cadrage, de montage, etc. Dans son film « screentest » Sengthe s’attelle à nous montrer différents paramètres qui à l’accoutumée demeurent contenus dans le hors champs.

     Adrien Neves, l’acteur principal, va nous servir de vecteur à travers plusieurs de ces genres bien spécifiques. Nous le voyons ainsi endosser différents rôles, assistons aux modifications des plateaux de tournage, changements des lumières, des décors, du son et de la musique, etc. Les techniciens vont et viennent dans un ballet d’où émergent les différents univers que l’artiste a choisi d’explorer. Mise en abîme de la mise en scène, affection croissante de l’acteur au gré du pouvoir des personnages qu’il interprète, des univers qui se construisent et se remodulent, dans cet alternoiement indistinct où les limites entre le jeux et les joueurs s’avèrent finalement bien perméables.

     La mise en abîme qu’effectue « screentest » ne constitue pas qu’un questionnement de la mise en scène cinématographique par le biais des outils typiques au cinéma. Sengthe cherche davantage à montrer comment l’implantation directe des univers cinématographiques dans notre paysage quotidien affecte notre perception de la réalité.
Pascal Le Guen








Screentest
Pièce de l’installation «Un Devenir Héros»
HDV PAL 25P - 14’
Orléans, 2011